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Les réactions à "De nouvelles pratiques pédagogiques pour lutter contre l'exclusion scolaire ?"par Bertrand Ogilvie

12 oui, l'ecole reproduit la structure de la societe par alix
le lundi 07 mai 2007 à 12:12
J'ai bien aimé cet article décapant et j'approuve l'analyse qui a été faite d'un mélange entre les rôles de transmission de savoirs et de formatage des éleves à la société. Comme enseignante je souhaite temoigner de ce que je constate dans mon lycee :
1) l'ecole reproduit a l'identique la structure sociale. Les enfants de riches, qui peuvent avoir une aide a la maison et qui sont bien informes des voies d'orientation et peuvent detourner la carte scolaire, s'orientent vers les voies les plus recherchees et deviennent des diplomes du supérieur (notez le mot). Les autres, et bien j'en vois peu dans la classe (classe prepa) parce qu'il n'ont pas les moyens de se payer 5 ans d'etudes et d'aller dans une autre ville. Il y a donc une selection par l'argent a la sortie du lycee, alors qu'on nous fait croire qu'il s'agit d'une selection au merite. Et c'est pire a l'universite ou c'est la longueur des etudes qui sélectionne en fait les étudiants (et on se doute qu'en master un etudiant qui doit travailler pour gagner sa vie n'a pas beaucoup de temps pour réaliser un stage pratique et rédiger un memoire, d'où son échec prévisible).
Quelle solution? des bourses d'etudes qui permettent vraiment d'etudier (meme dans une autre ville).
Sur quels criteres les attribuer? comme maintenant, avec renouvellement chaque année si l'année est réussie.

2) l'Etat nous demande de "former des citoyens", et comme l'ont déjà dit certains, je me demande si on ne nous demande pas plutôt de former des travailleurs.
Mais admettons qu'il s'agisse de former des citoyens, est-ce le rôle de l'Ecole? on demande à l'Ecole d'être le ciment de la société, alors que le politique ne s'en soucie plus. Je trouve cela aberrant. N'en déplaise à Jules Ferry (et à son homonyme) je ne transmet pas de "valeurs" à mes etudiants. ah si, une... je les incite à réfléchir par eux-mêmes et ne pas prendre pour argent comptant ce qu'on leur raconte... y compris le prof! Cela les perturbe beaucoup, et j'en déduis que l'Ecole n'est pas (plus?) un lieu de réflexion critique.
Quelle solution? si l'Ecole cesse d'être le ciment de la république, qui le fera? Il serait peut-etre temps que le politique, au lieu d'opposer des citoyens les uns aux autres s'activent au contraire à tisser du lien commun. j'ai parfois le sentiment qu'aujourd'hui il ne reste que le foot comment ciment effectif...
11 réponse certes rapide mais qui va un peu au fond par sabatino
le lundi 12 mars 2007 à 21:09
j'aimerais juste rapppeler à M Delpuech que certes les professeurs qui enseignent et ceux qui sanctionnent sont les mêmes, mais le deuxième acte est commis dans l'anonymat au baccalauréat, donc ce qui est dit est non valide : plus tard, à l'université, là où il n'y plus d'anonymat, les étudiants sont dans une position plus fragile, plus captive. Mais au lycée, l'obtention du diplome se fait dans des conditions honnêtes et équitables ; vouloir enlever aux profs le pouvoir de noter, après leur avoir enlever tous les autres pouvoirs, voilà bien ce que veulent les soixante huitards, qui ont encore ce désir d'anarchie ou de libertarisme, qui se confond avec ce qu'ils combattent au fond; c'est un lieu commun de redire que néolibéraux et libértariens sont d'accord sur le fait de révolutionner l'école, de la privatiser... de libérer les élèves de l'école elle même, tout cela revient à mentir à la jeunesse. Je rappelerais juste la bonne opinion de JM Salanskis qui a admis qu'en mai 68 on a eu tort de prendre les maitres d école pour des ennemis de la jeunesse.
10 Petit élément de réflexion par Eric Bonneau
le mardi 06 février 2007 à 20:08
Je viens de coordonner un concours d'écriture d'articles de type journalistique ouvert à des élèves de 3ème PVP. Il leur fallait expliquer pourquoi ils avaient choisi cette orientation. Sur deux cents articles reçus, la totlité ou presque exprime fortement la souffrance quotidienne qui fut leur face à l'échec scolaire, ils dépeignent comment leur image de soi s'est détériorée au fil des années, et comment s'est développé le sentiment d'abandon qu'ils ressentaient face à des enseignants plus occupés à évaluer les bons élèves qu'à soutenir ceux en difficulté. Un constat terrifiant pour les enseignants de collège où l'évaluation à outrance tient lieu de démarche pédagogique.
9 Merci pour la réponse ! par colombani
le samedi 27 janvier 2007 à 10:10
A défaut de fonctionner comme une bibliothèque, j'aimerais en tout cas déjà que l'école fonctionne en relation plus étroite avec les bibliothéques.

Je lisais dans le livre d'AM Bertrand qu'aujourd'hui encore, seulement une école primaire sur quatre était équipée d'une BCD (Bibliothèque et Centre de Documentation) dont l'animation dépend, de surcroît, uniquement de la bonne volonté des enseignants et/ou de parents bénévoles.

Au collège et au lycée, les CDI sont bien mieux implantés et confiées à des professionnels depuis la création du CAPES de documentation, mais le problème qui se pose alors est que les collèges et surtout les lycées n'entretiennent quasimment plus de relations avec les bibliothèques, comme si les CDI entraient en concurrence avec elles.

J'ai l'impression que ceci doit avoir pour conséquence que c'est à l'élève de penser par lui-même le CDI et la bibliothèques comme deux éléments solidaires d'un réseau d'accès à l'information...
8 Réponse de l'auteur
De nouvelles pratiques pédagogiques pour lutter contre l'exclusion scolaire ? (Suite...) par Bertrand Ogilvie
le jeudi 25 janvier 2007 à 15:03
Réaction rapide aux premiers éléments de discussion (rapides pour des raisons conjoncturelles, je suis en déplacement, je reviendrai volontiers plus longuement sur ces questions très importantes), pour ne pas laisser trop longtemps le débat sans interlocuteur.
Merci d’abord pour ces contributions qui montrent une fois de plus, si c’était nécessaire, à quel point la question de l’École est une question centrale dans ce pays, tant sur le plan de l’organisation que sur celui de l’imagination : raison pour laquelle elle suscite toujours les passions.
Tout d’abord cette petite intervention n’est que le résumé de très nombreuses pages écrites sur le sujet dans différentes revues devenues introuvables et de très nombreux cours donnés, cette année encore. J’avoue que je n’ai pas réussi à éliminer ellipses et obscurités, comme en témoignent les interventions qui apportent de l’eau à mon moulin tout en pensant faire des objections. C’est le cas de celle de « Jean Delpuech », de « sébastien » ainsi que de« rouyer » dont je salue au passage l’esprit « freinetique » et avec lequel je suis en accord, sauf sur un point : je ne crois pas qu’en changeant l’École on changera la société, mais plutôt l’inverse ; car que veut dire « changer l’École » ? si ce n’est pas compter sur l’harmonie spontanée d’une multitude de volontés particulières bien improbables, cela ne peut provenir que d’une volonté politique globale. Les réflexions pédagogiques concrètes qui sont sous-entendues dans mon texte concernent finalement plus le projet de rendre localement et au coup par coup l’école vivable, pour les enseignants comme pour les élèves ; ce n’est déjà pas si mal. Ce que je m’efforce de faire dans mes cours auprès de futurs professeurs, c’est de développer une culture, des habitudes de transmission de savoir et de travail intellectuel, sans du tout compter sur une généralisation de ces manières de faire qui ne pourrait provenir que d’une décision politique. Laquelle ne sera pas prise dans la conjoncture actuelle, pour les raisons que je développe : toucher à la structure de cette institution, c’est toucher à la question fondamentale de la reproduction, et la France n’y est pas prête, dans la mesure où elle est le seul pays d’Europe à avoir confié cette fonction à l’École (d’où la marginalisation inévitable et structurelle des pédagogies de types Freinet, qui n’ont aucun problèmes pour se développer dans les autres pays d’Europe – réponse à la fin de la lettre de « ruyer »). Remarquons au passage la singularité de nos débats hexagonaux qui étonnent tant les étrangers (la question de l’orthographe n’en étant que la partie émergée la plus ubuesque).
J’ai beaucoup aimé la remarque sur les bibliothèques, mais je le reprendrais en un autre sens : je pense en effet que les écoles et les universités devraient être considérées comme de vastes bibliothèques dans lesquelles on peut trouver des bibliothécaires avertis et de bon conseil (les enseignants ; ça ne les empêcherait pas de faire une petite conférence de temps en temps, mais pas trop souvent !). C’est ainsi que fonctionnent admirablement les universités comme Cambridge ou Oxford, mais évidemment elles sont réservées à des élites. C’était l’esprit du travail de Freinet (l’enseignant au fond de la classe qui crée les conditions matérielles d’accès des enfants aux livres).
L’idée de dissocier institution d’enseignement et institution d’évaluation me semble dangereuse et de toute manière complètement irréaliste : on imagine aisément la dérive qui pourrait entacher le fonctionnement de la seconde ; et qui la ferait fonctionner, sinon des professeurs en exercices, sans quoi l’incompétence et l’injustice seraient un risque permanent. Cette dissociation, fondamentale, doit plutôt me semble-t-il être interne à tout enseignant et faire l’objet d’une réflexion continue (réponse provisoire à « Jean Delpuech » ; j’ajouterai que la définition finale de la pédagogie, trop générale, ne permet pas de comprendre quelle est la signification historique, concrète des pratiques pédagogiques actuelles).
À propos du crypto-marxisme qui m’est reproché par « Beau », je ne vois vraiment pas en quoi il est crypto ! L’œuvre de Marx est en effet une de celle qui nous a permis d’aborder la politique autrement que de manière idéologique (ce qui signifie : en justifiant l’état de fait, et non pas, comme semble le croire le correspondant, « de manière polémique », ou « de manière crypto-marxiste », c’est tout juste le contraire), et qui donne des aperçus assez irremplaçables sur le fonctionnement d’institutions comme celles du salariat, etc. Je ne vois pas très bien pourquoi il faudrait s’en passer, au contraire….
Encore un mot avant de suspendre provisoirement cette discussion : les problèmes de l’École en France aujourd’hui ne sont pas du tout les problèmes de l’éducation de l’homme en général aux humanités en général, etc., mais un problème propre à la France d’aujourd’hui et qui n’existe dans aucun autre pays d’Europe, une espèce de paradoxe historique qui a fonctionné pendant cent ans : produire une élite à partir d’une école pour tous et fonder sur cette procédure la fabrication de l’identité française. Longtemps « pour tous » n’a concerné que le primaire. Dès qu’il s’est mis à recouvrir aussi le secondaire et le supérieur, le paradoxe s’est accru jusqu’à l’impossible : dans l’école « de masse » une grande partie des jeunes gens ne se sentent plus concernés par ces procédures de sélections, ils n’en reconnaissent plus la validité et les rejettent. Ce qui entraîne une certaine violence. Le fait que souvent des établissements d’enseignement qui soient visés par des entreprises de dépradation, de destruction (qui s’étendent jusqu’à l’agression des personnes), montre bien que ces lieux sont vécus par beaucoup comme un théâtre d’humiliation, ou comme le symbole d’une non-reconnaissance sociale.
Ces réflexions ne sont pas théoriques comme certains le disent dans leurs interventions, mais au contraire très empiriques et pragmatiques, elles se dégagent tout simplement de la visite quotidienne de centaines d’établissements du primaire, du secondaire et du supérieur, elles sont souvent des évidences de bon sens. Un exemple : dire que l’École produit de l’échec scolaire n’a pas besoin d’être justifié par de complexes statistiques : il suffit de passer une journée dans une école pour voir comment, heure après heure, l’articulation transmission/évaluation transforme toute matière, toute discipline avant tout en occasion de répartir les enfants sur une échelle de mérite. L’École produit donc bien à la fois (pour me citer complètement) de la réussite et de l’échec, un couple réussite/échec qui n’existerait pas si elle se proposait de transmettre simplement un accès aux savoirs (apprendre à apprendre). On connaît (je ne reviens pas dessus) — grâce à Marx ! mais là aussi, il suffit d’ouvrir les yeux… pas besoin de lire le Capital— la signification politique clef de cette intériorisation et de cette naturalisation du couple réussite échec, la fonction de reproduction qu’elle endosse.
Dans la pédagogie Freinet (par exemple), il n’y a pas d’échec, seulement des erreurs qu’on rectifie constamment sans jamais en être stigmatisés pour autant. Au fond le meilleur élève est bien celui qui fait le plus d’erreur et qui en rectifie le plus par un travail intellectuel actif, au lieu d’apprendre et de réciter des vérités en « dormant » ! Et les élèves qui travaillent ainsi sont beaucoup plus savants, autonomes et curieux que les autres. Pourquoi ces « méthodes » ne sont pas plus reconnues/répandues ? Voir plus haut ! La France ne peut absolument pas, dans sa configuration actuelle, s’offrir ce luxe.
7 Enseignement, évaluation, pédagogie par Jean Delpuech
le mardi 23 janvier 2007 à 23:11
Un peu déçu de cet article, après avoir été attiré par la problématique, je voudrais préciser quelques points.
Tout d'abord, la thèse que l'Ecole est constituée pour produire de l'échec scolaire, me semble sans nuance et mériterait au moins un traitement statistique approfondi !
Ensuite, pour la clarté du débat, il faudrait distinguer les missions explicites et implicites de l'Ecole (sachant qu'il y des contradictions entre les unes et les autres et dans chacune d'elles). Pour la suite je me servirai des missions explicites (mais cela n'épuise pas l'analyse) : transmettre des savoirs (enseigner/apprendre) et valider la maîtrise des savoirs.
Tant que la bourgeoisie avait l'Ecole à son seul usage, la différence entre transmettre et valider les savoirs n'avait pas d'importance majeure, les missions étaient quasi identiques dans leurs démarches (la sélection étant sociale et effectuée en dehors de son champ). C'est ce que l'article pointe sous le terme de hiérarchisation.
En revanche dès lors que la démocratisation de l'Ecole a été de plus en plus importante, la pression de la bourgeoisie s'est exercée pour que la sélection se fasse à l'Ecole (sections spéciales, matières sélectives) ce qui a mis un coin de plus en plus large entre transmission et validation. Avec un nouvel enjeu qui est apparu dans les dernières décennies : le diplôme (acquis démocratique de la Révolution, ne l'oublions pas au passage) est la voie royale pour obtenir plus qu'une place éminente, le moyen d'avoir un emploi, donc de vivre tout simplement.
Du coup, l'accès aux connaissances est passé au second plan derrière l'accès au diplôme : comment le reprocher aux parents et aux enfants ? Et conséquence majeure, en particulier pour les enseignants, ceux qui avaient la mission de transmettre les savoirs, d’en valider la maîtrise pour des gens qui n'en avait pas besoin, puisqu'ils étaient déjà sélectionnés, se sont trouvés être ceux qui non seulement transmettaient et validaient les savoirs mais en plus étaient ceux qui permettaient à tel ou tel enfant de continuer ou non son cursus... D'où la demande des parents : sur quels critères empêchez-vous mon enfant de continuer ses études et donc d'obtenir ce qui va lui être décisif pour vivre ?
Est-ce qu'une note quelconque vaut face à cet enjeu ?
Ceci conduit à une proposition, que j'ose qualifier de révolutionnaire : distinguer les deux missions actuellement confiées à l'Ecole. Les enseignants doivent enseigner, transmettre les savoirs, en s'adaptant aux enfants, en s'attachant à les faire réussir chacun au mieux de leurs capacités. L'Ecole est entièrement tournée vers cet objectif.
Et une autre institution est chargée de valider la maîtrise des savoirs dans les conditions les plus justes possibles (anonymat, indépendance, qualité scientifique de l'évaluation, etc.). Il est possible de se présenter autant de fois que l'on veut aux grades et diplômes, à n'importe quel âge.
Les enseignants sont là pour aider chaque candidat à réussir l'examen qu'il souhaite passer. Ils ne sont plus là pour enseigner et à la fin de l'année (quand c'est à la fin, souvent c'est dès la fin du premier trimestre...) changer de statut et devenir celui ou celle qui lève ou baisse la barrière : ce changement de statut est vécu comme une injustice, car qui ne perçoit pas l'aspect "juge et partie" de cette position ? L'enseignant juge en effet autant la qualité de son propre travail que la maîtrise du savoir par son élève et ce n'est pas la "médiation" du conseil des professeurs qui suffit à lever les doutes et les ambiguïtés.
On ne peut pas non plus considérer que c'est la qualité des enseignants qui permet de résoudre ce problème (dont ils arrivent bon an mal an à se dépêtrer, mais à quel prix ?) car la violence des parents (dont la moindre des critiques est que les enseignants sont toujours en vacances ou en maladie...) qui ne cesse de monter contre eux, est pour moi le symptôme net de cette contradiction que l'institution Ecole n'arrive plus à assumer.
Dès lors, il est possible de penser la pédagogie non comme un formatage, mais pour ce qu’elle est : la pratique (ce n’est pas une science) qui aide une personne à se former en s’appropriant le patrimoine culturel de l’humanité.
6 Pour une analyse pragmatique... par BEAU
le samedi 20 janvier 2007 à 14:02
Quel dommage !
C'est un point de vue entièrement idéologique et teinté de la vulgate crypto-marxiste la plus éculée.
Comme on est loin de la réalité !
Il y aurait cependant tant à dire sur les carences de notre système éducatif et les moyens d'y remédier, en s'appuyant, je suis d'accord sur ce point, sur une autre philosophie de l'enseignement.
Mais une fois ce point établi, il faut en revenir à des considérations pragmatiques (qu'est-ce qui ne marche pas et pourquoi ?); c'est la seule garantie d'aboutir à des solutions qui permettent réellement aux enfants, aux jeunes, de se sentir mieux à l'école et d'y préparer une vision du monde plus ouverte.
Ils n'ont déjà que trop pâti des apprentis sorciers de toute sorte, qui, du haut de leur chaire, nous assènent leur vision totalitaire de la pédagogie.
Je suis désolé d'employer un ton aussi véhément, mais le sujet mérite et nécessite même une approche un peu plus constructive.
Cordialement.
B.BEAU
5 L'école, mais pas que... par Baloo
le samedi 20 janvier 2007 à 11:11
Excellente analyse sur les schémas de fonctionnement de l'école et de la relation - pédagogique notamment. Ces schémas ont également cours dans les différentes institutions de la république et en entreprise. Les rigidités et les dénis qu'elles provoquent dépassent largement le cadre de l'école pour être bien enracinées dans la société française, malheureusement pour la majorité des français.
4 Remarques diverses par sebastien
le mercredi 17 janvier 2007 à 13:01
Il me semble que cet article reste trop vague. Certes, il nous oriente sur quelques finalités, mais il ne pose jamais la question des moyens de réalisation de ces fins. La formation des enseignants est tout de même une clé à ne pas négliger, car il existe aujourd'hui des enseignants qui ne demandent pas mieux qu'à réaliser tous ces objectifs (citoyenneté ...) et qui n'y arrivent pas dans leur classe. Non pas parce qu'il manque de volonté mais d'idées, d'échanges avec leur collègue, car on parle souvent de l'éhec des élèves, mais on oublit, celui beaucoup plus taboo, des enseignants.

Une pédagogie qui valorise l'erreur dans ce qu'elle a de productif, très bien. Mais si les enseignants n'apprenent pas leur métier de la même manière, si la formation et la structure n'encourage pas les échanges entre enseignants, comment cela pourrait-il avoir une quelconque forme de réalisation ?

Supprimer les notes oui, intégrer de nouvelles formes d'évaluation, super ! Mais ne pas accompagner sur le terrain les enseignants qui sont d'accord avec ça, c'est en rester à de pures fins. Cela revient à faire une cours de grammaire puis à dire : à présent, faites les exos.

Bref, ce qui manque le plus, c une pédagogie de la pédagogie. Les IUFM actuels regorgent de bonnes idées, mais les moyens réels de leur mise en place impliquent une impossibilité concrète de les réaliser, ce qui entraîne naturellement une haine de la pédagogie, telle qu'on l'observe aujourd'hui dans une partie des enseignants, jeunes ou moins jeunes, et qui fait le bonheur d'auteurs peu sérieux comme Briguelli, Finkelkraut et compagnie...
3 Réaction au message de Rouyer par colombani
le mercredi 10 janvier 2007 à 14:02
Je me permets de rebondir sur la réaction de Rouyer pour dire que l'espace public solidaire et non-marchand, le lieu de formation du citoyen tout le long de son existence, ce lieu existe déjà : c'est la bibliothèque de lecture publique.

"La bibliothèque publique n'est, il faut le répéter, ni un service de luxe, ni une oeuvre de bienfaisance. C'est un service public aussi utile que l'école" (Michel Bouvy. 1967.)

Citation extraite d'un autre livre paru aux éditions de la Découverte : "Les bibliothèques" d'Anne-Marie Bertrand !

Sinon, je ne suis pas sûr que la sélection scolaire corresponde à un objectif de classe. Je crois que les enseignants ont le devoir d'être exigeants avec leurs élèves et qu'une note en dessous de la moyenne permet la remise en question à partir du moment où elle est juste et qu'elle n'est pas assortie d'une humiliation publique, travers dans lequel tombe il est vrai certains enseignants... Je pense que l'apprentissage des savoirs est en soi un processus pénible qu'il ne faut pas dévaluer sous prétexte d'épargner un traumatisme à l'élève...

Je pense que la sélection scolaire serait beaucoup moins problématique s'il était inscrit dans les mentalités qu'on pouvait apprendre et se former sa vie durant, autrement dit, si le problème des bibliothèques étaient traité comme il le mérite.

Je rappelle que moins de 20 pour cent des français sont titulaires d'une carte de lecteur, et j'ajoute que seulement 20 pour cent de cette partie de la population consultent régulièrement les catalogues des bibliothèques.

Autrement dit, il n'y a actuellement que 4 pour cent de la population française qui sait accéder de manière autonome à une information par le biais d'un canal non-marchand.
2 Une autre éducation pour une autre société par rouyer
le mardi 09 janvier 2007 à 21:09
La critique du système scolaire formulée dans cet article me parait bonne mais il me semble que vous passez à côté d'un point essentiel :
Oui, depuis son institutionnalisation et sa démocratisation, l'école a pour objectif de former une identité - française - et de transmettre un savoir qui servira d'outil de sélection pour reproduire des classes sociales.
Mais l'école va plus loin, en formant les personnalités,les mentalités, de manière à les rendre compatibles avec le système capitaliste : je m'explique, l'école, depuis le primaire forme des individus (pas des citoyens) en situation de concurrence. Les examens, le classement en fonction de la réussite aux examens sont là pour que l'enfant apprenne comment réussir en société. Et effectivement, cela débouche sur une intériorisation (pathogène) de la domination : de même qu'à l'école il a un premier respecté et un dernier méprisé, il y a dans la société une élite enviée et un bas peuple dénigré.
Un autre monde est possible si l'on choisit une autre éducation.
A l'apprentissage de la concurrence (notes individuelles, hiérarchies) nous pourrions opposer l'apprentissage de la solidarité (projets collectifs), à celui de la soumission (dictature des maitre(sse)s) nous pourrions substituer l'apprentissage de la démocratie, du vote, du consensus (élaboration collective des emplois du temps, choix des supports pédagogiques en fonction d'objectifs fixés), à une éducation abstraite (les mathématiques en sont sans doute l'exemple le plus frappant), nous pourrions préférer une éducation concrète (basée sur des sorties de terrain, sur des projets qui se traduisent dans le réel. Contre la formation d'esprits moutonniers et dociles (absence d'initiatives) nous pourrions envisager la formation d'esprits autonomes et libres (en cantonnant le maitre à son rôle fondamental de guide).
Vous devez sentir l'origine "freinetique" de ces idées, je le revendique bien que ne m'y connaissant pas bien. Je pense par exemple que l'imprimerie à l'école est une idée merveilleuse et me demande pourquoi ces expériences d'éducation alternative ne font l'objet d'aucune attention de la part des partis politiques de gauche en France.
Merci de me répondre si vous en avez la moindre idée.
Donc en résumé : changer l'école du capitalisme en une école de la citoyenneté ... parce que ce sont les enfants d'aujourd'hui construiront la société de demain.
Voila à mon humble avis une idée force que pourrait reprendre la gauche du 21ème siècle.

1 Quelques remarques par colombani
le mardi 09 janvier 2007 à 14:02
- D'abord, ce serait bien de mentionner dans la bibliographie comment se procurer les instructions officielles, histoire de nous faire une idée par nous-même.

- Ensuite, nous dire que l'école est instrumentalisée au profit d'une idéologie de classe mériterait aussi un renvoi à des ouvrages argumentés, parcequ'en l'état, je suis obligé de prendre cet article pour argent comptant. Or mes lectures personnelles m'inclinent à croire le contraire de ce qui est ici avancé. J'ai ainsi été fasciné par le fait que deux professeurs aux idées aussi dissemblables que Claude Duneton et Jean-Paul Brighelli se rejoignent pourtant sur les conséquences néfastes de la nouvelle pédagogie sur l'enseignement en France. Brighelli cite même La Boétie pour illustrer le contraire de ce qui est affirmé à un moment donné dans le texte (je pourrai vous trouver la page dans "La fabrique du crétin", si vous me le demandez)

- Cependant, je trouve très judicieux ce lien vers le site de "La main à la pâte". A première vue, le travail effectué semble très sérieux et très pensé.

- En résumé, je ne suis pas d'accord avec cet article parcequ'il décrit très bien ce qui devrait être le fonctionnement d'une... bibliothèque de lecture publique ! En effet, je considère qu'une bibliothèque est le lieu privilégiée de la construction du savoir à partir des motivations du lecteur, alors que l'école doit rester pour moi un lieu associé à un savoir normé associé à une rigoureuse éthique de travail. Autrement dit, je pense que l'école est là pour enseigner une discipline intellectuelle et que la bibliothèque doit être le lieu où l'élève pourra récolter les fruits de cette discipline acquise.

- C'est pourquoi je considère que les bibliothèques, participant à hauteur égale à la formation du citoyen, doivent être traitées avec une importance égale par les politiques, ce qui n'est absolument pas le cas.Le pourcentage actuel de personnes inscrites en bibliothèques en France, inférieur à 20 pour cent, doit par conséquent être vécu comme un scandale et une honte, surtout quand on sait qu'en Angleterre, par exemple, ce pourcentage se situe aux alentours de 50 pour cent.

Je vous remercie de votre attention et vous félicite pour votre initiative, bien que n'étant pas d'accord avec cet article