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Les réactions à "Construire la démocratie en repensant la représentation politique"par Isabelle Sommier

3 Un exemple local en dit plus long sur le rapport de la démocratie à la représentation politique par Daniel ADAM
le mardi 20 mars 2007 à 13:01
QUAND UN RÉAMÉNAGEMENT DE TRANSPORT ÉCLAIRE NOTRE DÉMOCRATIE

La section LDH04 tient à exprimer sa surprise et son indignation concernant les nouvelles dessertes et nouveaux horaires LER du département des Alpes-de-Haute-Provence, mis en place par le Conseil Régional.

Concrètement, que constate-t-on ?

Une absence totale d’information et de consultation. Le 10 décembre 2006, en sus des nouveaux horaires annoncés, les usagers étonnés ont découvert un nouveau plan des transports, comprenant notamment la suppression des cars SNCF Digne-St Auban (21km) qui rejoignent au plus court la ligne ferroviaire Marseille-Briançon et qu’empruntent, principalement, les jeunes dignois qui doivent poursuivre leurs études à Aix ou Marseille. Maintenant, les correspondances se font par transporteurs privés via Manosque et Sisteron.

On peut donc s’interroger sur le non -maintien d’un service public de transport alors qu’il est conforme à l’intérêt général, en rendant plus difficile et plus coûteux le service rendu aux plus pauvres et à ceux qui ne peuvent disposer d’un véhicule particulier (handicapés, étudiants, personnes âgées, faibles revenus, etc.).
Cette nouvelle organisation des transports, aggravant les inégalités, est l’occasion d’un accroissement de la dévolution des missions de services publics à des sociétés privées avec ses conséquences inéluctables : coût accru (refus de certaines cartes de réduction), inégalités (tarifs différents suivant les compagnies), augmentation de la durée des voyages (jusqu’à 4 heures Marseille-Digne), suppression de correspondances, allongement des délais d’attente, etc. Ce dispositif a pour résultat l’intensification de l’usage de la voiture (120 km par week-end et par famille), donc émission de gaz, entre autres. C’est une stupidité environnementale qui entraîne, de fait, plus de pollutions.

Tout cela ne peut en rien contribuer au désenclavement de la vallée de Digne, ville préfectorale et de son arrière- pays, Curieuse conception de l’aménagement du territoire ! Le projet de réouverture de la ligne ferroviaire St Auban-Digne, pourtant inscrit au contrat de plan et prolongement évident du PDU de Digne, semble enterré.

N’anticipe-t-on pas une délocalisation démographique vers le sud du département et la vallée de la Durance ? Une déprise des services publics des arrière-pays, le délaissement des populations excentrées et la délégation de la responsabilité écologique aux initiatives privées et individuelles ? Toutes choses prévues dans les études concernant l’impact du projet ITER.
Pour le coup, l’idée d’une autoroute jusqu’à Digne, budgétairement absurde et écologiquement inepte, reprend des couleurs. Pour peu que les collectivités locales (donc les contribuables) veuillent bien mettre la main au porte-monnaie.
Les choix qui ont été faits par cette nouvelle organisation des transports au niveau régional, planifient-ils la fermeture des gares de Digne et de Saint-Auban (cette dernière étant liée à l’usine ARKÉMA)

On voit où nous mène, si nous l’acceptons, le « pilotage technique » des décisions en guise de démocratie.

Toutes ces questions, tous ces choix ne sont pas purement techniques mais éminemment politiques. Ils doivent être délibérés et tranchés par les citoyens puisqu’ils impliquent des orientations de société qui peuvent être contradictoires.. Mais tout se passe comme si on acceptait une démocratie sans les citoyens. Comme si le citoyen n’était plus qu’un électeur appelé à déléguer périodiquement tout pouvoir. Comme si les élus n’estimaient n’avoir aucun compte à rendre jusqu’au prochain scrutin. Ce type de « management », qui considère que la gestion des affaires publiques est une chose trop sérieuse et trop complexe pour la laisser aux citoyens, est symptomatique d’une « gouvernance » gestionnaire qui administre les décisions politiques comme des problèmes techniques, donc à régler par des gens « compétents ». Sous-entendu : les usagers, les citoyens en général, ne sont pas compétents. Mieux vaut, pour le bien de tous, déléguer ces choses trop compliquées à des gens qualifiés : les élus, qui ont la légitimité élective pour professionnaliser leur « métier », et les experts qui ont le savoir technologique et commercial.

Il ne s’agit pas de« démocratie participative », ni de « démocratie représentative », puisque les élus oublient qu’ils sont mandatés, qu’ils sont élus sur un programme (théoriquement) pour représenter les citoyens et non pour ne représenter qu’eux-mêmes et leurs idées, c’est-à-dire remplacer le peuple.
Nous sommes en présence d’un système oligarchique. La majorité des « décideurs », de droite comme de gauche, sont issus des mêmes grandes écoles d’administration, de commerce et de technologie industrielle. Quant à l’immense majorité des moyens d’information et de communication, ils appartiennent aux grandes entreprises côtées en bourse.

Dans cette situation, les termes de démocratie et de citoyen sont vidés de tout sens. Les élus n’oeuvrent en rien pour le bien commun. Ils ne représentent qu’eux-mêmes et gèrent la société industrielle de gaspillage planétaire. En lieu de bien commun on nous propose le bonheur consumériste et nous l’acceptons avec l’idée d’un progrès sans bornes de la production et de la consommation, et, au nom de la « sécurité des biens et des personnes », la gestion des flux marchands et humains par un contrôle planétaire et l’état d’urgence permanent (fichage, surveillance, guerres préventives,…)

Parler de démocratie représentative est donc une imposture comme nous le dénoncions déjà à propos du « vrai-faux » débat public sur le projet ITER et d’un projet d’installation de système biomètrique au lycée David-Neel de Digne.
La « démocratie participative », avec ses débats octroyés, tronqués, cadrés, sans enjeux réels, consultatifs…est-elle autre chose qu’une tentative pathétique « d’améliorer l’acceptabilité » des décisions et l’imposition d’un type de société, d’un système soi-disant démocratique auquel presque plus personne ne croit ? La démocratie participative peut-elle être autre chose, elle aussi , qu’un simulacre où le citoyen accepte de n’être plus qu’un consommateur-électeur ?

Au niveau local comme au niveau global, depuis des années, nous nous sommes laissés engager dans un régime « démocratiquement totalitaire » :

• Il n’existerait aucune alternative à la société technologique industrielle marchande,
• Le monde serait maintenant trop complexe à comprendre et à gouverner pour le commun des mortels que nous sommes.

Sans véritables enjeux électoraux, la souveraineté populaire et la République sont-elles autre chose qu’une fiction entretenue ?
Au nom du progrès, de la santé, du bonheur et de la sécurité, nous intégrons un totalitarisme « soft » où la démocratie pourrait se réduire au droit de vote et le citoyen à l’électeur, ce qui nécessite bien sûr un conditionnement médiatique et un contrôle social omniprésents.

Alors, pour qui ; pourquoi ; et comment allons-nous décider de répondre à l’injonction qui nous est faite : « Aux urnes citoyens ! ». Dans cette configuration on peut concevoir que voter n’apparaisse pas comme une nécessité pour tous et que l’abstention soit vécue par certains comme un devoir de conscience démocratique. Il est clair en tout cas que voter ou ne pas voter ne peut suffire pour espérer établir un jour peut-être la démocratie ou quelque chose qui lui ressemblerait. Il est tout aussi clair que les affaires publiques sont une chose trop importante pour la laisser aux élus et aux experts.

La démocratie est bien plus que le droit de voter. Il est plus que temps de revendiquer la citoyenneté pleine et entière pour tous.
2 L’arrogance du monde politique au masculin par Marilza de Melo Foucher
le mercredi 28 février 2007 à 11:11
Les commentaires sur Ségolène Royal dans les médias sont généralement mordants. C\'est pure logique que cette candidature perturbe les schémas de la politique traditionnelle en France. En effet, dans notre pays, le monde politique se conjugue au masculin. On voit se dessiner dans cette campagne des mécanismes discriminatoires qui traduisent ces rapports de pouvoir inégaux.

Pour la première fois, 4 femmes aux parcours politiques de premier plan (député, sénatrice, présidente de conseil régional, ancien ministre) sont candidates à la Présidentielle. Or, jusqu’à maintenant, aucun article de fond n’a encore été consacré à ce sujet par les journalistes politiques ! Ségolène Royal est la plus exposée d\'entre elles aux sarcasmes des médias. L\'ironie avec laquelle le journal \"Le Monde\" décrit son positionnement politique de candidate-maman sans complexe est révélatrice. Plutôt que de se demander pourquoi les hommes politiques n’expriment pas leurs sentiments face aux problèmes auxquels les gens sont confrontés, mieux vaut s’interroger sur ce qui fait la différence.

Lorsqu’une femme brigue des responsabilités considérées comme relevant du domaine masculin, on exige d’elle qu’elle accentue le plus possible les caractéristiques et les symboles propres à son sexe. On s\'attend à ce qu’elle ne possède pas les qualités requises pour gouverner un pays, agir publiquement sur des sujets concernant l’économie ou l’international, par exemple, ou encore à ce qu’elle continue d’agir d’abord comme une mère et qu’elle s’intéresse en priorité aux sujets de société. Derrière ces présupposés, se cache une misogynie inavouable selon laquelle les femmes n’arriveraient pas à manier les codes linguistiques, les concepts, avec la même rationalité de pensée que les hommes dans un débat politique !


Pourtant, la vie démocratique ne serait qu’une coquille vide si elle ne répondait pas aux attentes et aux besoins des citoyens, si elle ne préparait pas les personnels de l’administration publique, par exemple, à la compréhension des malades, des handicapés ou à la lutte pour l’inclusion sociale. C’est pourquoi, la notion de genre doit rejaillir dans les débats de cette campagne, notamment en matière de droit civil et politique.

Réaffirmer l’égalité homme/femme dans les compétences doit reposer sur la conscience d’appartenir à un espace humain commun qui n’appartient pas qu’aux hommes.

Le développement économique ne peut se consolider sans le développement humain. Pour vous il s’agit de compassion… pour moi il s’agit d’une autre approche de la politique. Ségolène a crée des ponts entre la démocratie représentative et la démocratie participative. Il s’agit de réconcilier les citoyens et citoyennes avec une classe politique devenue trop professionnelle, trop élitiste, trop éloignée du monde réel.

La démarche de Ségolène redonne du sens à la politique en formulant des repères pour bâtir un mode de gouvernement plus démocratique, avec la participation des acteurs représentatifs de la société civile française. L’élargissement des champs de la concertation entre les différents acteurs du développement ne doit pas se limiter à la simple consultation des citoyens, mais se construire à partir de leur participation dans la formulation des projets et l’élaboration des prises de décisions. Apprendre à se concerter dans l’exercice du pouvoir est nécessaire quand la démocratie représentative semble être en panne.

Je pense que Ségolène Royal est la seule candidate capable de garantir l’autonomie du système politique en redonnant une substance à la devise de notre République « Liberté, Egalité, Fraternité » avec des principes politiques, sociaux et moraux. Il est urgent de recomposer l’équilibre entre l’Etat, la société politique et la société civile. Il faut mettre un terme à la conception féodale du pouvoir dont M. Sarkozy est le principal héritier, notamment quand il apporte son soutien au cumul de mandats.



* Marilza de Melo Foucher est de double nationalité brésilienne et française, docteur en économie et consultante international pour le développement intégré et durable.
1 Représentativité et participation par Jean Delpuech
le mardi 23 janvier 2007 à 22:10
Il me semble que cette question doit être complétée sur le point suivant : dans des élections majoritaires à deux tours (pour les législatives qui sont déterminantes pour une majorité de gouvernement) le découpage des circonscriptions électorales est décisif, ce qui n'est pas le cas dès lors qu'une proportionnelle, au moins partielle, vient en neutraliser les effets les plus pervers.
Or nous sommes dans le découpage (dit à l'époque "charcutage") réalisé par Chirac et Pasqua, non refait sur des bases rationnelles et justes par la Gauche plurielle (une de ces négligences jospiniennes dont on ne parle pas assez). Ce découpage conduit à une sous-représentation de la gauche (antilibérale principalement) et à une sur- représentation de la droite.
Ce divorce entre la réalité des forces en présence et leurs représentations respectives au parlement explique pour une bonne part le désintérêt des citoyens qui ne voient jamais leurs idées défendues.
La proportionnelle rendrait nettement plus impliquantes les élections. Allons au fond des choses, si nous voulons es modifier.