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Les réactions à "Aborder autrement les drogues"par Aude Lalande

3 lutter contre la criminalisation de l'usage, une urgence politique par coppel
le mercredi 04 avril 2007 à 12:12
Merci à Aude de soulever une question, toujours aussi tabou dans le débat politique. Reste à prendre conscience de l'urgence de changer de direction, avec une première mesure, la dépénalisation de l'usage. Ce n'est pas un hasard si la 1ère réaction à ce texte a été de rappeler la souffrance des personnes dépendantes (y compris du cannabis, même si la moins dangereuses des drogues). Les Français continuent de croire que la sanction pénale est la seule protection. Résultat : la France a la plus forte progression de l'usage de cannabis en Europe alors que nous avons la politique la plus répressive. Car la sanction pénale n'est pas une plaisanterie : environ 5000 incarcérations pour usage et détention et autres délits associé par an, auquel il faut ajouter les sanctions pénales inscrites au casier judiciaire (futurs récidivistes). Savez-vous que dans la dernière loi Sarcosy, l'usage sera sanctionné de 5 années de prison pour ceux qui sont chargés de mission de service public (plusieur smillions de personnes) ? La sanction devait avoir une fonction purement symbolique dans la loi de 1970. Désormais elle prise au sérieux. La pénalisation de l’usage n’est d’aucune utilité pour prévenir l’usage ou l’abus. C’est une politique qui criminalise les jeunes, surtout ceux qui des classes populaires, et parmi eux surtout les bronzés, comme on peut le constater de visu en prison (faute de statistiques). C’est la politique américaine avec plus 1 million de personnes incarcérées pour drogue. Changer de direction est donc une urgence et la 1ère des mesures est la dépénalisation de l’usage, avec l’abrogation de la dernière loi Sarcosy. Qui s’y engage parmi les candidats à la présidentielle ?
2 un point de vue .... par Marie Hélène Fronteau
le mardi 27 mars 2007 à 20:08
Psychiatre depuis Janvier 2006 dans un centre de traitement des toxicomanies, j'ai donc un point de vue à la fois assez peu référencé encore, et très particulier, puisque je ne rencontre que des gens qui veulent, ou croient vouloir arrêter la consommation.
Je suis d'accord avec l'ensemble de ce que vous proposez, mais je souhaiterais que cela n'occulte pas ce qui me frappe, dans cette pratique récente.(ce désir est plus fort que l'humilité d'une débutante)
- La souffrance MUETTE, intense, que je retrouve, dans tous les cas, "sous le produit", chez ces personnes dépendantes. Le produit non comme expérience, ou plaisir, mais comme baillon.
- l'effet de double vue que j'ai souvent, en pensant aux pratiques ordinaires et encouragées, au nom de la croissance; les pratiques de la consommation, au sens économique du terme.Comment une société peut elle stigmatiser ce qu'elle encourage par ailleurs, par tous les moyens, et surtout les plus manipulatoires ?
1 Petit complément ? par olivier poulain
le mardi 20 février 2007 à 15:03
Les législations concernant les drogues sont mises en oeuvre, quoiqu'on en pense.

En 1991, 34 311 "usagers simples" de produits illicites ont été interpellés. En 2006, ces "usagers simples" auront été 112 224, deux sur cinq ont été en garde à vue. En 2006, le nombre total d'Infractions à la Législation sur les Stupéfiants est de 152 124 (usages simples, usages reventes, trafics sans usages, autres).

Concernant les alcools, la moyenne des interpellations pour ivresse publique et manifeste (IPM) en France sur la période 2001-2004 est de 65 552 par an.

En 2005, sur 11 387 829 contrôles d'alcoolémies au volant, 359 229 ont été positifs, 80 622 étaient supérieurs à o,8 g/l de sang. Il faut également savoir que 21 035 tests de stupéfiants ont été faits, 7 973 ont été positifs. En outre, la prise d’un médicament susceptible d’altérer l’aptitude à la conduite est retrouvée chez environ 10 % des accidentés de la route. 80 969 délits de conduite sans permis ont été constatés.

La question de l'harmonistation, d'un équilibre des droits et des obligations des usagers de produits psychoactifs se pose concrètement. Elle se pose globalement (tous les produits, les polyconsommations...), et en remettant à leur juste place l'influence des produits, le comportement des citoyens et l'environnement contextuel des usages. Liberté, égalité, fraternité.

Il convient, au delà des législations et des réglementations d'insister sur la recherche, la diffusion des informations et le principe d'éducation, les responsabilités intergénérationnelles... le savoir vivre avec des usages de drogues quelque soit l'âge, le sexe, l'ancrage social et territorial...

Est-ce que les drogues, légales ou non, sont des produits comme les autres ? Je ne suis ni partisan d'un monople d'État (quid de ceux des alcools et tabacs ?), ni d'une tolérance " type Pays Bas" concernant le cannabis. Il me semble qu'un système à but non lucratif, réglementé mais associatif, certains proposent des "clubs sociaux de cannabis" (http://www.uncc.comips.org/lecsc.htm), soit plus raisonnable pour un pays comme la france ; et ce, en attendant une révision des conventions internationales, revendiquée par des pays comme la Bolivie ou des fondations (http://www.idpc.info/principles.html). C'est également une manière d'aborder ce qui pourrait faire émerger une cohabitation, une régulation, des différences européennes. Pacifier, laïciser les guerres aux drogues... c'est aussi rompre avec une duplicité que la France incarne assez bien, les résistances sont tenaces.

L'autoproduction individuelle et associative à but non lucratif me semblent absentes du texte d'aude lalande, c'est pourtant une autre manière d'aborder les usages, la production et la distribution de drogues.

solidairement.