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Les réactions à "La prévention de la souffrance au travail est-elle un problème de santé ?"par Damien Cru

3 Souffrance au travail : pourquoi et comment par Astouric Alain
le dimanche 04 septembre 2011 à 17:05
Bonjour,

Souffrance au travail : pourquoi et comment en est-on arrivé là ?
http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/souffrance-au-travail-vii-92644

Cordialement
http://astouric.icioula.org/
2 lever le déni par FM
le jeudi 19 avril 2007 à 11:11
Je découvre ce site alors que le 1er tour est là, avec grand intérêt tant le déni des paradoxes du travail est lourd, car remettant en cause l'adage: "le travail c'est la santé!", auquel la psychodynamique du travail, développée en France par l'école de C.DEJOURS, souscrit volontiers mais autrement que par le paternalisme ou la contrainte...
Je n'interviendrai que comme professionnel de santé au travail, étant médecin du travail depuis 15 ans, après autant de médecine générale, ce qui m'a permis de croiser les expériences et observations sur la santé globale vue sous l'angle privatif (individuelle,familiale,humaniste...) la plus classique chez le corps médical, et d'autre part sous l'angle collectif et socio-économique (où les professionnels de santé sont souvent déniés ou dénigrés car trop dérangeants/et/ou/ trop inopérants...).
La prévention de la souffrance au travail est-elle un problème de santé: OUI bien sûr. C'est même la mission du système sa santé au travail mis en place en 1946, et si la réponse est douteuse, c'est un aveu d'échec supplémentaire après le scandale de l'amiante.
Nos millions d'observations médicales recueillies au quotidien en entretiens individuels et en réunions collectives font ressortir partout et depuis longtemps deux pathologies professionnelles essentielles:
1.les souffrances physiques par surmenage des articulations que l'on nomme les TMS (troubles musculosquelettiques)et dont le nombre explose, bien que très sous-estimé encore, et qui sont décomptées par le moyen des déclarations de maladies Professionnelles.La relation TMS-stress est universellement reconnue comme forte.
2.les souffrances psychiques dûes aux contraintes organisationnelles, relationnelles et managériales du travail qui s'intensifie quantitativement dans tous les domaines y compris les services et le secteur public, avec corrélativement perte du sens du travail et des valeurs qui y sont attachées (soutien social, reconnaissance professionnelle, solidarité et partage de l'expérience), d'où atteinte de l'identité professionnelle et vécu dépressif plus ou moins masqué, dont les salariés se protègent par le repli individualiste , la soumission, le désinvestissement, ou l'absentéisme-présentéisme, sinon ils risquent de décompenser plus gravement (cf. au pire les suicides sur les lieux de travail).
Dans tous nos rapports annuels d'activité qui remontent à la Direction Médicale du travail nationale, les chiffres concordent. Par contre, les atteintes psychiques ne sont pas reconnues en Maladie Professionnelle, donc pas de chiffres de déclarations: les partenaires sociaux hésitent sans doute car ce serait ouvrir la boîte de Pandore, il y aurait encore plus de cas que les TMS et on ne pourrait plus accuser les individus de fragilité personnelle...
NB: un aspect récurrent du "mal français" me semble être le mode très régressif des relations de travail habituelles, de type soumission-domination, dans le privé comme le public, qui se caractérise par l'abus d'autorité à tout niveau, le refus du dialogue social sincère, la promotion par la soumission-séduction et non par la qualité professionnelle, et la manipulation psychologique.
Malgré les contraintes économiques fortes de la mondialisation, une société adulte nécessiterait d'autres modes de relations sociales plus égalitaires et plus productives, car la créativité et l'engagement n'ont pas de place dans le modèle commun observé.
On touche là à des valeurs sociales et à des volontés politiques d'organiser la société et les rapports entre ses membres, de telle ou telle façon. Mais on peut espérer que la féodalité est terminée...
1 comprendre le travail pour construire notre humanité par Castejon
le jeudi 01 mars 2007 à 07:07
Bonjour,
En accord avec cet article et ravie de le trouver sur ce site. J'ajouterai l'idée qu'à analyser le travail de très près (avec ceux qui le font, ce travail, condition sine qua non) on apprend comment se construit la coopération entre les personnes et dans les collectifs. C'est par ce versant positif qu'on peut comprendre en quoi et comment le système capitaliste est l'ennemi du travail au sens anthropologique. Ne confondons pas travail et exploitation du travail. S'il faut dénoncer la deuxième, ô combien, c'est notamment parce qu'elle empêche de prendre le premier au sérieux : l'humanité travaille pour s'auto-produire, pour se construire. Comme le disait l'anthropologue Maurice Godelier, "les hommes ne se contentent pas de vivre en société, ils produisent de la société pour vivre".
Je suis prête à proposer des textes plus longs à ce sujet et une bibliographie qui complète celle qui est accolée au texte de Damien Cru. Mais je ne sais si c'est la bonne façon d'entrer dans le débat.
Bien cordialement,
Christine Castejon (analyste du travail)